Nous nous avançons maintenant à travers le champ de bataille. Voici les corps retrouvés de Chapelard et de Huguet, la section Buisson délivrée. L’ennemi cède. Les bras se lèvent. D’horribles spectacles disent l’intensité du combat. Sur une clôture en fil de fer agonise un Allemand blessé. Voilà Mouloud, l’agent de liaison, le visage emporté qui vit encore et supplie qu’on le ramène. Voilà El Kébir, magnifique athlète, les deux jambes brisées. Clénet dont le corps a été roussi par l’incendie. Le combat est presque terminé. Le nombre de prisonniers ne cesse de croître, rabattus par Mareuil et Litas.

Nous rencontrons Litas. Képi, gandourah blancs.
- « Que faites-vous là ? On vous disait blessé.»
- « Je suis effectivement blessé, mais peu de choses, un éclat d’obus dans le cou. Je recherche mes morts et mes blessés et je rentre.»
Hélas ! Litas ne s’en est pas tiré. Litas, le héros de 20 combats. Litas à la baraka légendaire, Litas le modèle de courage, de droiture, de modestie et de simplicité qui nous éclairait comme un phare, Litas qui, le soir de chaque combat, entourait de soins pieux ses morts et ses blessés, est mort sans nous à l’hôpital de Cuers Pierrefeu.
Le 2e GTM a perdu le meilleur de son sang.
La route de Marseille est ouverte.

Journal de marche du 2e groupe de tabors marocains, 21 août 1944

Dessin : Albert Litas de R. Jouanneau-Irriera Service historique de la Défense à Vincennes

  L’entrée des maquisards dans Orange, 26 août 1944      coll. ANACR Orange