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NOS LIBÉRATEURS
L’armée française de la libération
« La France pourrait-elle oublier que cette armée a libéré le tiers de son territoire et que, sans elle, son chef n’aurait pas été signer, le 8 mai 1945, au nom de la France, l’acte de capitulation de l’Allemagne ? »

Charles de Gaulle
L’armée française qui débarqua en Provence à partir du 15 août 1944 réunissait des hommes et des femmes venus de toutes les colonies françaises et de cinq continents. Dans la campagne de Provence, plus d’un soldat sur deux était un sujet de l’Empire français, un « indigène ».

La 1ère division française libre, la première à avoir repris le combat aux côtés des Britanniques, était la plus « cosmopolite » : les tirailleurs des bataillons d’infanterie d’Afrique équatoriale, de la côte française des Somalis et d’Afrique du Nord côtoyaient les Antillais du 21e groupe de défense contre-avion et les volontaires d’Océanie rassemblés dans le bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique. On y trouvait aussi des Syriens, des Libanais, des Indochinois, des Républicains espagnols et bien d’autres nationalités encore au sein d’un bataillon de la Légion étrangère.

Les cinq divisions de l’Armée d’Afrique venaient de Tunisie, d’Algérie et du Maroc : Européens d’Afrique du Nord, Arabes et Berbères composaient l’essentiel de ces unités. La 9e division d’infanterie coloniale, enfin, avait été constituée en Afrique occidentale française et ses trois régiments d’infanterie réunissaient des tirailleurs sénégalais recrutés dans tout l’ouest africain, au Sénégal, au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire, en Haute-Volta, au Niger et au Bénin.

Des Français évadés de France, des Corses, s’engagèrent, au gré des circonstances, dans l’une ou l’autre de ces divisions.

L’amalgame

Au fur et à mesure de la libération du territoire, des Français de la mère patrie rejoignirent les rangs de l’armée française. « Notre armée commence l’énorme travail d’amalgame qui lui donnera une puissance accrue et son caractère final. Par dizaines de milliers, elle accueille les F.F.I. » écrivait son commandant en chef, le général de Lattre de Tassigny. La plupart de ces volontaires étaient effectivement des anciens résistants des Forces Françaises de l’Intérieur, les FFI.

Il fallut les instruire militairement. L’amalgame entre les nouvelles recrues et les troupes aguerries venues de l’Empire se fit donc lentement. Durant l’automne, 15 000 FFI furent intégrés dans cette armée en remplacement des tirailleurs venus de l’Afrique noire. L’Armée d’Afrique, c’est-à-dire les unités constituées en Algérie, au Maroc et en Tunisie, ne bénéficia pas dans l’immédiat de ces renforts et continua de supporter une grande part des combats pour la libération de la Lorraine et de l’Alsace jusque dans l’hiver 1944-45. « Les unités de l’Armée d’Afrique vivent sur leurs propres substances et s’épuisent progressivement » relevait en décembre un officier de la 1ère Armée, « chacun, indigène ou européen, ayant l’impression qu’on y passera jusqu’au dernier ».

Leur relève devenait urgente. Elle ne se fit pourtant que partiellement à partir de janvier 1945 : dans chaque division de l’Armée d’Afrique, un régiment FFI remplaçait un régiment d’Afrique du Nord. Deux régiments sur trois restaient donc nord-africains : des renforts venus de la rive sud de la Méditerranée montaient au front en même temps que les nouvelles recrues françaises.

« L’âme de cette armée », dit le général de Lattre, est « née de l’amalgame intime et fraternel de nos 250 000 soldats venus de l’Empire et de nos 137 000 F.F.I. ». Ainsi, jusqu'à la capitulation du Reich, les soldats issus des colonies, et au premier chef, ceux de l’Armée d’Afrique, pieds-noirs et indigènes du Maghreb ensemble, demeurèrent-ils majoritaires au sein de l’armée française de la libération.

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