marat

NOS LIBÉRATEURS
La France libre fut africaine
« Il n’y avait quant à l’action immédiate à entreprendre, aucun doute dans mon esprit. C’était en Afrique que nous, Français, devions poursuivre la lutte. Dans les vastes étendues de l’Afrique, la France pouvait, en effet, se refaire une armée et une souveraineté. »

Charles de Gaulle
Le centre de gravité de l’Empire colonial français était en Afrique. Ce fut sur ce continent qu’eurent lieu les ralliements décisifs à la France libre. À quelques jours d’intervalle, à la fin du mois d’août 1940, le Tchad, le Cameroun, le Congo, l’Oubangui-Chari (la Centrafrique aujourd’hui) rejoignaient la France libre. Ils entraînèrent le ralliement du Gabon trois mois plus tard : toute l’Afrique équatoriale française avait fait allégeance au général de Gaulle. La France libre exerçait désormais sa souveraineté sur un territoire grand comme trois fois la France : il s’étendait du Sahara au golfe de Guinée. L’Afrique équatoriale fut aussi son seul grand domaine.

En rejoignant la France libre, ces territoires d’Afrique lui apportaient des troupes. Dès l’automne 1940, quatre bataillons d’infanterie et des compagnies d’artillerie étaient formés avec des soldats venus du Tchad, du Cameroun, du Gabon, du Congo, d’Oubangui-Chari et du Dahomey (le Bénin actuellement).

L'armée gaulliste naquit de la réunion des forces qui s'étaient rassemblées derrière le général de Gaulle à Londres avec les troupes présentes en Afrique équatoriale. Aussi, les contingents africains représentèrent-ils la majorité de ces Forces françaises libres au début. Les premières grandes formations militaires gaullistes mises sur pied en mai 1941 regroupaient 4 bataillons de marche et des unités d'artillerie constituées en Afrique équatoriale six mois plus tôt. Le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, l'élément de base de la Force L du colonel Leclerc, l’unité qui allait donner naissance à la célèbre 2e DB, réunissait 6100 hommes dont seulement 460 Européens : les Saras du Tchad formaient l'essentiel de cette troupe.

Ces deux formations furent engagées dans les premières batailles de la France libre. En mars 1941, le colonel Leclerc remportait avec des éléments du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad une victoire contre les Italiens à Koufra, une oasis au cœur du Sahara. Un an plus tard, 800 kilomètres plus au nord, à Bir Hakeim, les soldats de la 1ère brigade française libre résistèrent pendant deux semaines aux assauts des armées italienne et allemande.

Les victoires des soldats de Leclerc dans le Sahara garantirent les liaisons entre l'Afrique noire et le Proche-Orient. L'Afrique française libre occupa ainsi en 1941 et 1942 une position-clé dans le ravitaillement par les États-Unis des armées britanniques qui combattaient en Libye et en Égypte : les plus courts chemins aériens et terrestres entre l'Atlantique et le Proche-Orient passaient par l’Afrique équatoriale française.

Des ponts aériens furent établis à partir des colonies britanniques d’Afrique noire, en Gambie, en Sierra Leone, en Gold Coast (le Ghana aujourd’hui). Des milliers d’Africains furent employés pour construire les aérodromes nécessaires. Pendant deux années, la moitié des avions faisant la jonction avec le Moyen-Orient traversa les cieux de l’Afrique française libre : en 1942, 7000 avaient survolé le territoire du Tchad, plus de 3000 s’étaient posés à Fort Lamy, sa capitale. Dans le même temps, des convois de camions sillonnaient les routes qui traversaient le Sahara.

Pour lire les autres textes,
veuillez cliquer sur les titres dans le menu à gauche.